Le fiasco de l’expérimentation du 80 km/h

Un grand merci aux 200 motards motivés qui sont venus montrer leur mécontentement lors de la manif du 4 juillet à Montbéliard et Belfort pour le retour au 90 km/h sur l’ensemble du réseau routier. Le combat n’est pas terminé.

Voir article de l’ER Belfort : ER_2020-07-05_Manif_4juillet_80kmh et l’article de la manif des copains de la FFMC25 : ER_2020-07-05_Manif_4juillet_80kmh_Doubs

Après la période de test de deux ans du 80 km/h, on est loin des résultats attendus de 300 à 400 vies sauvées par an avec cette mesure !

Selon les statistiques de la Direction de Sécurité Routière, sur une année pleine en 2019, le nombre de « vies gagnées » est de 72 sur les routes hors agglomération (sans les autoroutes, source ONISR). Ces statistiques ne donnent pas de chiffres de mortalité pour les routes avec des limitations de vitesse à 110km/h, 80 km/h, 70 km/h, ou 50 km/h, ni sur la cause réelle des accidents (téléphone au volant, assoupissement, conduite sous l’emprise de l’alcool, de stupéfiants…).

Comment expliquer que ce nombre de 72 est lié à la réduction de vitesse de 90 km/h à 80 km/h ?

Comment expliquer que nos voisins font mieux sur leurs réseaux avec des vitesses plus élevées ?

Le nombre de décès par millions d’habitants est de 39 en Allemagne, de 28 au Royaume-Uni, mais de 50 en France. Alors que la vitesse limite sur le réseau secondaire est de 100 km/h en Allemagne et de 97 km/h au Royaume-Uni (source CIE : Comité Indépendant d’Evaluation de la mesure).

En plus cette mesure coûte de l’argent à notre économie et à notre état dépensier. La perte de temps due à l’abaissement de la vitesse à 80 km/h est estimée à 2,6 milliards d’euros par an (source CIE).


Essayons de nous aligner sur nos voisins européens en adoptant d’autres leviers qu’une baisse des vitesses maximum autorisées (VMA) décrétée arbitrairement pour y parvenir.

Ces leviers sont le « partage de la route », valoriser le conducteur plutôt que le menacer par une surenchère réglementaire qui semble inexorable, réapprendre l’intérêt d’observer les bonnes distances de sécurité, expliquer et valoriser l’éco-conduite selon des aspects pratiques et immédiats (gains pécuniaires) et non sur des idéologies environnementales qui se traduisent trop souvent par la culpabilisation des individus et donc le rejet.

S’il s’agit vraiment de sauver des vies sur la route, la FFMC est en mesure d’indiquer aux Pouvoirs Publics une vraie politique de sécurité routière :

  • Renforcer la formation des conducteurs et favoriser le continuum éducatif à la sécurité routière dès l’école et à tous les âges de la vie
  • Lors de la formation initiale des conducteurs, renforcer la prise en compte de la cohabitation routière avec les usagers vulnérables (piétons, cyclistes et usagers du deux-roues motorisé)
  • Améliorer les infrastructures routières en prenant en compte la vulnérabilité des deux-roues motorisés (ex., en doublant les glissières de sécurité)